Le hall des donatifs et l'escalier monumental
Ce vaste vestibule est le lieu où convergent malades, personnels et visiteurs, il est le point d’aboutissement de l’axe d’honneur central, il assure surtout la communication entre l’aile sud et l’aile nord et, grâce à son monumental escalier, entre le rez-de-chaussée et le premier étage.
Non prévu dans le projet initial, cet escalier est décidé en 1759. Chef-d’œuvre de l’architecture du XVIIIe siècle, cet escalier suspendu impressionne par sa monumentalité et la maîtrise de la taille et de l’assemblage de la pierre qu’il implique. Il se compose d’une première rampe centrale avec des marches posées sur mur d’échiffre, donnant sur un palier intermédiaire d’où partent deux rampes latérales à deux volées aboutissant au palier de l’étage. Les deuxièmes volées latérales et le palier de l’étage sont suspendus sur voûte, nécessitant une grande maîtrise de la stéréotomie* pour conduire les poussées vers le mur d’appui et ainsi assurer l’équilibre de marches monobloc de plus de 3 mètres de large.
La belle rampe en fer forgé est réalisée par les frères Mille, serruriers de Carpentras. Ses panneaux aux compositions gracieuses d’arabesques et palmettes s’inscrivent dans le style Louis XV en vogue à l’époque, les armoiries de d’Inguimbert complétant ce décor sur la rampe du palier de l’étage.
Isidore Moricelly a financé durant la deuxième moitié du XIXe siècle des travaux de l’escalier et du hall. Outre le sol en terrazzo, il commande en 1889 les vitraux qui éclairent l’escalier, figurant au centre Malachie d’Inguimbert, à gauche une allégorie de la science en référence à la bibliothèque fondée par le prélat humaniste et à droite une allégorie de la charité qui personnifie son autre fondation, l’Hôpital.
Au nord-est du hall, une porte donnait sur le couvent où vivaient les sœurs infirmières. À droite de la porte est aménagé un tour en bois qui permettait la communication entre l’intérieur et l’extérieur du couvent. Ce tour servait aussi à l’abandon anonyme des enfants et à leur sécurité pour éviter qu’ils ne soient exposés à différents risques lorsqu’ils étaient déposés dans des lieux extérieurs.
Dans ce hall, l’administration de l’hôpital a accroché les donatifs, petits tableaux peints en hommage aux bienfaiteurs de l’Hôtel-Dieu. Cet usage apparaît avec la fondation du Mont-de-Piété de Carpentras en 1612. Chaque don ou legs de quelque importance est rendu public par un panneau peint figurant les armoiries du bienfaiteur accompagné d’une inscription détaillant la contribution. Cet usage s’étend à tous les établissements caritatifs de Carpentras et du Comtat Venaissin. Le fonds de donatifs de l’Hôtel-Dieu est le plus important avec 340 tableaux allant de 1731 à 1948.
On y voit l’évolution sociale avec, sous l’ancien régime, figuration du donateur par des armoiries, interdites pendant la Révolution, remplacées au cours du XIXe siècle par la représentation de paysages ou monuments de Carpentras et de la région.
*Stéréotomie : Art de tailler et assembler la pierre en architecture.