Œuvres remarquables
La bibliothèque Inguimbertine regorge de trésors historiques. Voici une sélection d'œuvres remarquables que vous aurez l'occasion d'admirer lors de votre visite.
Stèle funéraire en l’honneur de Taba
Calcaire taillé et gravé, Memphis (Égypte), entre le Ve et IIIe siècle avant notre ère.
Inv 2007.0.16 - Dimensions : H : 50cm x l : 33cm
Découverte en 1704 à Memphis en Égypte, cette stèle, achetée par le marseillais Jean-Pierre Rigord, est vendue par la suite à différents érudits provençaux et échoit à Carpentras en 1744 quand dom Malachie d’Inguimbert acquiert la collection aixoise des Mazaugues. Depuis sa découverte, la communauté antiquisante a débattu pour savoir si l’inscription utilisait l’alphabet phénicien ou le démotique égyptien susceptible d’être la clef pour déchiffrer les hiéroglyphes. Bernard de Montfaucon la publie dans son Antiquité expliquée et représentée en figures (quinze volumes édités entre 1719 et 1724) comme étant la vraie écriture égyptienne, non hiéroglyphique. Grâce à un moulage fidèle à l’original, Jean-Jacques Barthélémy, antiquisant spécialiste des langues orientales, clôt le débat en démontrant en 1762 qu’il s’agit d’une inscription araméenne (en alphabet phénicien) dont il donne la traduction :
« Bénie sois-tu, Taba, fille de Tahapi, parvenue à la perfection auprès du dieu Osiris. Tu n'as accompli aucune mauvaise action et tu n'as jamais calomnié personne sur cette terre. Qu'Osiris en personne te bénisse. Sois reçue à la table d'Osiris. Prie, mon amour, et sois parfaite parmi les âmes chères au dieu. »
Cette stèle est la plus ancienne écriture conservée à l’Inguimbertine.
Atelier de Pierre de Cortone (Cortona, 1596 – Rome, 1669), Santa Dafrosa
Huile sur toile, 1640.
Inv 2012.2.1 - Achat avec soutien du Fonds régional des acquisitions des musées FRAM - Dimensions: h: 187cm x l : 119cm
En 1657, le cardinal Bichi lègue au cardinal Mazarin un tableau de la main de Pietro da Cortona, qui est en son palais épiscopal de Carpentras. Les trois protagonistes de ce legs sont des grands noms du XVIIe siècle européen : Alessandro Bichi (1596-1657) est un fin diplomate, amoureux des arts, apprécié du pape Urbain VIII et du roi de France Louis XIII, proche de Richelieu et Mazarin ; Pierre de Cortone (1597-1669) est un des plus grands artistes du baroque européen ; Mazarin, est un homme de pouvoir, parrain de Louis XIV.
En 1624, afin de célébrer la redécouverte du tombeau de sainte Dafrose, martyre romaine du IVe siècle, Urbain VIII commande à Pierre de Cortone un tableau d’autel pour l’église Santa-Bibiana à Rome. En 1640, le pape demande au peintre deux répliques, dont une est donnée à Alessandro Bichi, alors évêque de Carpentras.
Ce tableau constitue un bel exemple de l’image baroque : composition centrée sur la sainte qui fait la jonction entre les mondes terrestre et céleste, gestuelle et expression qui suscitent l’émotion, représentation d’objets porteurs d’un sens symbolique, tout concourt aux objectifs dévolus à l’image par la réforme catholique de plaire, enseigner et émouvoir.
Atelier d’Hyacinthe Rigaud (Perpignan, 1659 – Paris, 1743), L’Abbé de Rancé (Paris, 1626 – Soligny-la-Trappe, 1700)
Huile sur toile, début du XVIIIe siècle.
Inv 887.2.1 - Dimensions : H: 237 cm x l : 193 cm
Ce tableau est offert par le pape Clément XII à d’Inguimbert lors de son départ de Rome pour Carpentras en 1735. Il représente l’Abbé de Rancé, célèbre réformateur de l’abbaye de la Trappe dont d’Inguimbert, lui-même moine trappiste, a écrit une biographie publiée en italien et en latin. Commandé par le marquis de Saint-Simon, ce portrait est peint en 1699 par Hyacinthe Rigaud à l’insu de l’abbé de Rancé, lors d’entretiens accordés par le moine au marquis et auquel assistait le peintre sous une fausse identité. Rigaud a réalisé des répliques dont celle-ci qui fut donnée à Clément XII.
Nicolas Dipre (actif à Avignon entre 1495 et 1532), Rencontre à la Porte dorée
Huile sur bois, entre 1499 et 1501.
Inv 1757.1.121 - Dimensions : H : 70,5 cm x l : 75,5 cm
Ce panneau est le dernier témoin du retable commandé en 1499 au peintre avignonnais Nicolas Dipre par la confrérie de l’Immaculée Conception pour orner sa chapelle à la cathédrale Saint-Siffrein de Carpentras. Selon la légende, de ce baiser échangé entre Anne et Joachim à la porte dorée du temple de Jérusalem naquit Marie. Quoiqu’influencée par l’art italien, cette peinture s’inscrit dans le style gothique, dénigré depuis la Renaissance. Pourtant, au cœur du XVIIIe siècle où triomphe le goût classique, d’Inguimbert manifeste un intérêt précurseur pour cet art en exposant ce fragment dans sa bibliothèque.
Joseph-Siffred Duplessis (Carpentras, 1725 – Versailles, 1802), Autoportrait
Huile sur toile, 1780.
Inv 2009.0.4 - Dimensions : H : 71 cm x l : 61 cm
Duplessis a peint cet autoportrait alors qu’il est au sommet de sa carrière. Il se représente souriant, le teint rose, le regard vif, dans une veste en soie scintillante, y démontrant sa maîtrise technique et son talent à dresser un portrait psychologique vrai.
Jean-Joseph Xavier Bidauld (Carpentras, 1758 – Montmorency, 1846), Vue de l'aqueduc de Carpentras
Huile sur toile, vers 1808-1810.
Inv 367 bis - Dimensions : H : 76 cm x l : 96 cm
Cette œuvre illustre le travail de Bidauld, qui compose un paysage idéal et non réaliste. L’aqueduc construit une ligne horizontale qui sépare le tableau en deux parties. Le registre inférieur, dans les tons verts, représente un premier plan arboré et animé, se distinguant du registre supérieur avec son ciel bleu d’où se détache un massif montagneux dans des tons bruns. Les représentations du Ventoux, de l’aqueduc et de la cascade de l’Auzon ne correspondent pas à la réalité, recréées pour servir l’équilibre de la composition.
Jules Laurens (Carpentras, 1825 – Saint-Didier, 1901), Ruines du palais d’Achraf en Perse
Huile sur toile, 1848 et 1894.
Inv 320 - Dimensions : H : 87 cm x l : 76 cm
Ce tableau s’inspire d’un dessin que Jules Laurens réalise lors de son voyage en Iran effectué entre 1845 et 1848. Il en ramène des centaines de dessins dont il va s’inspirer pour produire en atelier des tableaux qui font sa réputation de peintre orientaliste dans la seconde moitié du siècle, tableaux qu’il expose régulièrement au Salon des artistes français.
La Danseuse au tambourin
Huile sur toile, Perse, vers 1820.
Inv 849.6.1 - Dimensions : H : 156.6 cm x l : 105 cm
De son voyage en Iran, Jules Laurens a rapporté des œuvres produites sous la dynastie des Qajars, régnant de 1786 à 1925. Les quatre peintures de grand format provenant vraisemblablement d’un même ensemble devaient orner un palais de Fath’Ali Shah (règne : 1797 à 1834). Les figures du guerrier et des danseuses richement apprêtées qui entourent le portrait du Shah servent son prestige. L’art iranien au XIXe siècle adopte la technique occidentale de la peinture à l’huile sur toile mais reste attaché aux traditions orientales de la peinture en deux dimensions. Les personnages sont figurés frontalement, sans souci du modelé et de la profondeur, et se détachent d'un fond où la perspective est évoquée par une colonne ou une fenêtre. Sur ces grands aplats, l’artiste s’attache à peindre avec un soin et une exactitude remarquable chacun des détails du visage, du vêtement et des parures.
Nicolas-Claude Fabri de Peiresc (Belgentier, 1580 – Aix-en-Provence, 1637) Observation de diverses merveilles de la nature
Langue française - Manuscrit sur papier, dessins aquarellés. Reliure de parchemin souple, XVIIe siècle.
Ms 1821 (fonds d’Inguimbert) - Dimensions : h: 340 x l: 240 mm
Peiresc, célèbre savant à la culture universelle surnommé « prince des curieux », a compilé de nombreuses notes et documents sur des sujets variés, conservés à l’Inguimbertine en 116 registres. Dans celui-ci, ont été regroupés dessins et correspondances relatifs à la zoologie, la botanique, ou encore l’anatomie.
Bible vaudoise
Langue romane - Manuscrit sur parchemin, décor enluminé. Reliure cuir de chèvre, fin du XIIIe siècle, début du XIVe siècle.
Ms 8 - Dimensions : h : 180 x l: 130 mm
Considérée comme la première traduction de la Bible en langue vernaculaire, la Bible vaudoise ne subsiste plus qu’en sept exemplaires. Elle fut utilisée par des prédicateurs itinérants nommés Barbes qui, à la suite de Pierre Valdo, s’attachèrent à enseigner la Bible dans une langue comprise de tous.
Traité d’arpentage
Langue provençale – Manuscrit sur papier, dessins aquarellés, XVe siècle. Deux volumes, reliures modernes en veau
Ms 327 (fonds d’Inguimbert) - Dimensions : h: 225 x l :180 mm
Écrit entièrement par Bertrand Boysset en 1405, bourgeois d’Arles (vers 1345-1414) ce traité de géométrie pratique est divisé en deux parties : l’art d’arpenter et l’art de borner. Il donne aussi des informations sur la géographie et l’astronomie, avec de nombreuses représentations de la terre et du cosmos qui illustrent l’état de la connaissance du monde au XVe siècle.
Francesco Petrarca (François Pétrarque) (Arezzo, 1304 – Arquà, 1374), Toutes les œuvres vulgaires de Françoys Pétrarque mises en françoys par Vasquin Philieul de Carpentras
Avignon, Barthélemy Bonhomme, 1555.
Langue française - Imprimé. Reliure de Lortic en maroquin grenat, autour de 1860.
Imp Rés. A 86 (fonds Barjavel) - Dimensions : h: 170 x l: 110 mm
Casimir Barjavel, érudit vauclusien du XIXe siècle, s’est intéressé aux éditions avignonnaises et comtadines et a constitué un fonds de livres rares qu’il lègue à la bibliothèque de Carpentras en 1868. Cette édition avignonnaise illustre cet intérêt d’autant plus que l’humaniste François Pétrarque a marqué l’histoire de la région, ayant vécu à Avignon et Carpentras, relatant entre autres l’ascension qu’il fit du Ventoux en 1336.
Willem BLAEU (1571-1638), Globe terrestre, Amsterdam : 1622.
Armature en bois et plâtre, fuseaux imprimés à partir de plaques de cuivre gravés à l'eau forte et au burin, rehaussés à l'aquarelle ; globe monté sur ébénisterie.
inv. CAR 1 - Dimensions : 68 cm de diamètre
Willem Blaeu est un célèbre imprimeur cartographe installé à Amsterdam. Il édite notamment de prestigieux globes, modélisant la terre et le cosmos, objets sphériques avec structure en bois et plâtre sur laquelle sont collées des bandes de papier imprimés (fuseaux) représentant la terre ou le ciel, parfois réhaussés de couleur. Sur ce globe terrestre édité en 1622, la firme Blaeu a été soucieuse de faire figurer des informations fiables et actualisées. À cet effet, de nombreuses inscriptions localisent les faits marquants des grandes découvertes : par exemple le passage du Cap de Bonne Espérance par Vasco de Gama, les itinéraires de Magellan et Francis Drake autour du monde. Surtout, ce globe retranscrit des découvertes toute récentes, notamment, celle, retentissante, de Willem Schouten et Jacob Le Maire, marins hollandais qui ouvrent une nouvelle voie vers le Pacifique par le Cap Horn lors de leur expédition en 1615-1616.
Outres les voies maritimes, le globe terrestre témoigne de l'état de la connaissance des terres continentales. Le savoir précis de l'Europe et de l'Asie se lit dans le dense réseau de villes et localités qui y est mentionné. Inversement, les terres intérieures de l'Afrique et de l'Amérique restent à explorer, de même que les côtes de l'Amérique du Nord. L'Australie n'est pas encore découverte.
Jean-Sébastien Bach, « Sei gegrüsset Jesu gütig »
Langue allemande - Manuscrit autographe sur papier (14 feuillets) - Dimensions : h: 240 x l: 185 mm
L’histoire de ce choral autographe en onze variations nous est donnée par une annotation, au-dessous du titre, en langue allemande : « Ce choral, le compositeur l'a écrit pendant que l'organiste Kittel était son élève, lequel me l'a donné en souvenir. À mon tour et égal souvenir d'amitié je le donne à M. Jean-Joseph-Bonaventure Laurens. Signé : Rinck. Darmstadt, 30 septembre 1841. »
Rouleau d’Esther
Langue hébraïque – Manuscrit sur parchemin, décor peint, XVe siècle (?). Roulé sur manche en bois tourné, sculpté, peint et doré, XVIIIe siècle
Ms 2627 (don Blanche Mossé, descendante d’une ancienne famille judéo-comtadine) - Dimensions : profondeur : 250 mm
Ce manuscrit enluminé du livre d’Esther était lu lors de la fête de Pourim (fête des sorts). Son décor peint sur les bordures et en bout de rouleau figure un rinceau végétal et floral qui a pu faire penser aux décors enluminés des manuscrits du XVe siècle. Les feuilles de parchemin assemblées sont enroulées sur un manche en bois muni d’une poignée et d’une bobèche sommitale sculptées de motifs géométriques à volutes, peints et dorés se rapprochant d’un style rococo en vogue au milieu du XVIIIe siècle qui caractérise la synagogue de Carpentras lors de sa reconstruction dans les années 1740 puis 1770. D’un format destiné à une synagogue, ce rouleau a été donné à l’Inguimbertine en 1964 par Blanche Mossé (1888-1965). Elle était la gardienne de la synagogue et a œuvré dans l’ombre pendant l’occupation nazie pour mettre à l’abri le mobilier et les objets de culte du sanctuaire.