De part et d’autre de la galerie des Beaux-Arts, Farniente d’Adda Cabane et Gamines de Louise Breslau. Au-delà des qualités picturales indéniables de ces deux peintures, les parcours artistiques de ces deux femmes est particulièrement éclairant sur les évolutions de l’accès à la carrière de peintre et les entraves qui continuent à freiner certaines carrières, le mariage n’étant pas la moindre dans une société où le code civil de 1804 prive les femmes mariées de toute indépendance. 

Bien qu’elles aient toutes les deux exposés au Salon, reçu des prix et vu leurs œuvres achetées par l’Etat,  leur carrière sont diamétralement opposées. Adda Cabane est la première femme du Vaucluse à exposer au Salon. De manière traditionnelle, elle se forme dans le milieu familial auprès de son père, Némorin Cabane, peintre lui-même. Malgré un début de carrière pourtant prometteur, Adda Cabane arrête de peindre après son mariage pour se consacrer au foyer et à la maternité.  De son côté, Louise Breslau, originaire de Suisse, fait partie de ces nombreuses jeunes filles d’Europe et d’ailleurs, attirées par la réputation artistique de Paris. Elle étudie dans l’une des rares classes proposant le dessin d’après le nu masculin et ne se mariera jamais. Proche des impressionnistes, elle connaît le succès avec des portraits commandés par la noblesse ou les bourgeois fortunés.