Les donateurs

NICOLAS-CLAUDE FABRI DE PEIRESC (1580-1637) – Savant universel

Nicolas Claude Fabri de Peiresc (Aix, 1584 – Aix, 1637) est un parlementaire provençal très célèbre pour son érudition et sa bibliothèque. Il fait de nombreux voyages dans le cadre de sa formation universitaire puis de missions en tant que secrétaire du garde des sceaux Guillaume du Vair. Il se lie avec les milieux savants et lettrés de Paris, d’Angleterre, des Pays-Bas et d’Italie. En 1623, de retour en Provence, il s’adonne à ses passions érudites, étudiant l’histoire, l’astronomie, les langues, la botanique et les sciences naturelles en général. Il constitue une riche collection de livres et objets qu’il met à la disposition de la communauté scientifique. Il favorise ainsi la fabrique du savoir et sa diffusion grâce à un important réseau de correspondants, estimé à plus de 500, en Europe et autour de la Méditerranée. A sa mort, nombre d’hommages lui sont rendus dans l’Europe savante et il est le sujet de la première biographie consacrée à un homme de lettres. D’Inguimbert a réuni la plus grande part de la collection du savant aixois dispersée après sa mort. Il acquiert notamment 116 registres, une moitié étant constituée de dossiers d’études du savant universel, l’autre de la minute de sa correspondance.

Image : François CONSONOVE : Portrait de Peiresc en buste. 1874.

DENIS BONNET (1789-1877) – Peintre du Comtat

 

Denis Bonnet est un artiste autodidacte dont la production picturale, conservée essentiellement à l’Inguimbertine, présente une grande valeur documentaire.

Ses œuvres témoignent de la vie quotidienne dans le Comtat Venaissin au milieu du XIXe siècle.

À travers ses dessins, souvent réalisés à la pierre noire rehaussée d’aquarelle, il s’attache à décrire son milieu social : foule des marchés et des rues de Carpentras, paysans du Comtat.

Il a également réalisé des portraits des figures notables de sa ville natale.

Image : Denis BONNET. Autoportrait (détail).1832

FRANÇOIS-VINCENT RASPAIL (1794-1878) – Scientifique et homme politique

Natif de Carpentras, le chimiste François-Vincent Raspail est aussi un homme politique passé à la postérité entre autres grâce à son engagement lors de la révolution de février 1848.

Républicain convaincu, il fut l’adversaire de la Monarchie puis de Napoléon III et son opposition lui valut de séjourner plusieurs fois en prison. Ses nombreux travaux scientifiques sur l’agronomie, l’économie rurale, la météorologie, la botanique, la chimie, la physique et la médecine tiennent des sciences appliquées. Ils reposent sur son projet politique d’amélioration des conditions des plus démunis.

En 1880, le comité de la bibliothèque commande son portrait à Évariste de Valernes.

En 1978, la veuve de son arrière-petit-fils a donné à l’Inguimbertine un fonds remarquable évoquant l’activité scientifique de Raspail, son action politique ainsi que le mouvement social au XIXe siècle : portraits, photographies, souvenirs divers, bibliothèque et surtout quatre-vingt-dix liasses d’archives privées.

Image : Évariste de VALERNES. Portrait de François-Vincent Raspail. 1880.

BONAVENTURE LAURENS (1801-1890) - Peintre voyageur

 

 

Bonaventure est un artiste amateur, universel, s’adonnant avec talent au dessin, à la peinture, à la musique et à la poésie. Il participe à l’entreprise éditoriale des Voyages pittoresques dans la France conduite par Taylor et Nodier. Il illustre également le guide touristique édité par la compagnie de chemin de fer du Paris-Lyon-Méditerranée, commande pour laquelle il reçoit un titre de transport permanent qui lui permet de croquer les paysages et monuments du midi de la France. Musicien, il fréquente Schumann, Chopin, Brahms… Il participe au développement de la musique allemande en France, dirige des concerts et compose des pièces religieuses, des chants et des romances. Cette importante production graphique et musicale est pour l’essentiel conservée à l’Inguimbertine. 

Image : Bonaventure LAURENS, Autoportrait. 1837

CASIMIR BARJAVEL (1803-1868) – Médecin, historien et bibliophile

Médecin exerçant à l’hôtel-Dieu de Carpentras, le docteur Casimir Barjavel s’est particulièrement investi dans la vie et la culture locales en tant que maire de la ville en 1833-1834, membre actif du comité de la bibliothèque, et surtout érudit et collectionneur avisé. Il œuvre pour la connaissance de l’histoire, la culture et la langue du territoire comtadin grâce à des publications telles que le Dictionnaire historique, biographique et bibliographique du département de Vaucluse (1841), qui reste une référence. Il lègue à l’Inguimbertine l’une de ses plus importantes collections, incarnant un savoir propre au XIXe siècle : progrès de l’esprit scientifique, intérêt qui va de l’histoire locale à l’histoire universelle.

On doit son portrait rétrospectif -réalisé en 1879- à Évariste de Valernes (1817-1896), professeur de dessin au collège de Carpentras et ami du peintre Edgar Degas. Il a été commandé par le comité de la bibliothèque en hommage à sa générosité pour l’Inguimbertine.

Image : Évariste de VALERNES, Portrait de Casimir Barjavel. 1879.

JULES LAURENS (1825-1901) - Artiste voyageur

 

Élevé par son frère Bonaventure, Jules Laurens reçoit une éducation artistique qui le conduit à la prestigieuse école des Beaux-Arts de Paris. En 1845, le jeune peintre accompagne en tant que dessinateur la mission scientifique de Xavier Hommaire de Hell jusqu’en Perse. A son retour, il installe son atelier à Paris. Régulièrement présent au Salon des artistes français à Paris, il y expose des tableaux orientalistes inspirés des souvenirs de son voyage en Iran, mais aussi des paysages des contrées françaises qu'il parcourt et des natures mortes. Resté attaché à sa région natale, il s’investit pour l’Inguimbertine, notamment dans le cadre de l’ouverture de la galerie du musée en 1887. Il a aussi rassemblé une collection, donnée au musée, qui illustre ses réseaux artistiques avec des personnalités comme Gustave Doré, Alexandre Cabanel, Victor Hugo... Il a également donné des tableaux ramenés de son voyage en Iran, témoignant de son admiration pour l’art oriental. 

Image : Jules DIDIER, Portrait de Jules Laurens en Persan. 1854

ALFRED NAQUET (1834-1916) – Député et sénateur de Vaucluse

Médecin, chimiste, homme politique, Alfred Naquet est né à Carpentras d’une famille judéo-comtadine. Licencié ès-sciences physiques et docteur en médecine, il enseigne la chimie à la faculté de médecine de Paris. Marqué par la révolution de 1848, il s’engage politiquement aux côtés des Républicains et participe à la formation d’un Comité révolutionnaire. Plusieurs fois condamné, il s’exile en Espagne puis, de retour à Paris, doit abandonner l’enseignement. Il est élu représentant du peuple pour le département de Vaucluse en 1871, plusieurs fois réélu. En 1876, il propose pour la première fois le rétablissement de la loi sur le divorce, votée en 1884 et dite « loi Naquet ». Il s’implique dans d’autres lois comme celle sur la liberté de la presse ou encore celle sur la liberté de réunion, votées en 1881.

L’Inguimbertine conserve des notes et de la correspondance liées à son activité politique et scientifique, ainsi que des volumes de médecine, pharmacie et chimie remis par Naquet. 

Ce pastel d’Alexandre Alexandrovitch, artiste russe exilé en France a été réalisé avant la guerre de 1914 dans le cadre d’une série de portraits de militants anarchistes publiés dans Le Monde Libertaire.

Image : Alexandre ALEXANDROVITCH. Portrait d'Alfred Naquet. 1909.

ADOLPHE-DAVID CAVAILLON (1843-1914) – Collectionneur du fonds judaïca


Chef interne à l’Hôtel-Dieu d’Avignon, le docteur Adolphe Cavaillon (1843-1914) est médecin à Carpentras de 1866 à sa mort. Descendant des « Juifs du pape », accueillis dans le Comtat depuis 1343, il a constitué une importante collection de témoins de cette histoire singulière. Entre 1954 et 1966, ses descendantes ont donné puis légué ce fonds à la bibliothèque. Il comprend des objets cultuels, des portraits et surtout des ouvrages, soit 453 volumes, dont 200 en hébreu, dix manuscrits hébraïques et 55 partitions musicales. Cette collection est d’autant plus intéressante que les liturgies du Comtat Venaissin diffèrent de celles des autres communautés d’Europe.

Le portrait du docteur Cavaillon est l’œuvre de Marius Barthalot (1861-1955), élève d’Alexandre Cabanel et de Léon Bonnat.

Image: Marius BARTHALOT. Portrait du docteur Adolphe-David Cavaillon. Début XXe siècle.

JOSEPH EYSSERIC (1860-1932) - Peintre et géographe

 

 

Joseph Eysséric est un scientifique et explorateur qui a accompli à plusieurs reprises le tour du monde, parfois au péril de sa vie, dans le cadre notamment de missions géographiques. Ses enquêtes et ses travaux ont été publiés dans des revues scientifiques et vulgarisés dans des manuels scolaires de géographie, publiés chez Delagrave. Durant ses voyages dans le monde et en France, il réalise nombre de dessins et photographies qui lui servent plus tard pour réaliser des tableaux et les illustrations de ses ouvrages. Artiste de talent, élève de Bonaventure et Jules Laurens, ses œuvres ont souvent été exposées dans des salons artistiques. Il a légué une grande partie de son fonds à l’Inguimbertine. 

Image : Paul SAÏN, Portrait de Joseph Eysséric. 1894

FRANÇOIS JOUVE (1881-1968) – Conteur et boulanger

François Jouve est un conteur et écrivain de langue provençale, né et mort à Carpentras. Issu d’une famille de boulangers, il prend la relève au fournil familial à la mort de son père en 1921. Le four des blondins (les Jouve ont les cheveux blonds) devient alors le rendez-vous de tous les amateurs de langue provençale qui viennent, parfois de loin, écouter ses histoires racontées dans cette langue qui a bercé son enfance.

Soucieux de la transmission du provençal aux générations futures, il donne des cours au collège de Carpentras et couche sur le papier ses contes et récits patiemment forgés lors des veillées au four. Il publie, entre autres, Au four di Bloundin (Au four des Blondins) en 1931 et Lou Papo di fournié (Le pape des boulangers) en 1933, tous deux édités à Aix-en-Provence, aux éditions dóu Porto-Aigo. François Jouve participe activement au mouvement du félibrige, créé en 1854 autour de Frédéric Mistral, et composé de personnes animées par le désir de défendre et promouvoir la langue d’oc. Félibre depuis 1912, il est élu majoral en 1931.

François Jouve est lauréat du prix Mistral en 1954 pour son recueil de contes La Boulo di Gàrri (La boule aux rats) dont le nom vient d’un décor sculpté de la cathédrale de Carpentras. Après sa mort, plusieurs de ses écrits sont publiés et parmi eux Au balutèu di remembranço (Au blutoir des souvenirs) en 1966, aux éditions du Groupement d’études provençales, et Conte e raconte (Contes et récits) en 1972, édité à Avignon, aux Presses universelles.

Sans héritier, il lègue ses biens à la Ville de Carpentras. De la correspondance, des tapuscrits, des photographies, de la presse, ont rejoint les collections de l'Inguimbertine. Ce fonds sera enrichi par le don de Lucette Besson en 2006, comprenant de la documentation, des ouvrages imprimés de la bibliothèque de François Jouve, des photographies.

Image : Paul SURTEL. Portrait de François Jouve. 1960

ROBERT ET MAURICE CAILLET – Historiens des bibliothèques et de l’Inguimbertine

Robert Caillet, père (1882-1957)
Maurice Caillet, fils (1910-2008)

Docteur en droit, avocat, titulaire du diplôme technique des bibliothèques et auteur d'une thèse sur l'histoire de l'université d'Avignon ainsi que de nombreuses publications sur l'histoire locale ou les collections de l'Inguimbertine, Robert Caillet en fut le conservateur durant près d'un quart de siècle, de 1923 à 1946. Il permit à la bibliothèque d'accroître ses collections et développa certaines sections du musée comme la salle Comtadine, consacrée aux collections ethnographiques. Il travailla à l'accessibilité des collections en élargissant les horaires et en multipliant les expositions (une trentaine entre les années 1927 et 1942). Conseiller avisé des associations vouées à la culture locale, il contribua également à la sauvegarde de plusieurs monuments et objets d'art. Lors de la seconde guerre mondiale, il mit à l'abri les objets de culte de la Synagogue. Robert Caillet fut nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1938.

Maurice Caillet marche dans les pas de son père. Archiviste paléographe, bibliographe, archéologue, historien, enseignant, inspecteur général des bibliothèques, auteur du "rapport Caillet" qui marque une prise de conscience de la fragilité du patrimoine écrit des bibliothèques françaises, Maurice Caillet lègue à l'Inguimbertine, outre les livres de sa bibliothèque personnelle, ses archives familiales, ainsi qu’un vaste ensemble de manuscrits, documents dactylographiés, coupures de presse, ephemera, imprimés et documents iconographiques, regroupés en dossiers thématiques consacrés à l’histoire du Comtat Venaissin, aux monuments de Carpentras (cathédrale Saint-Siffrein, hôtel de Ville…), à ses personnalités (les frères Laurens, Alfred Naquet…), aux juifs du Comtat, aux confréries, aux éditeurs, etc. Ces dossiers sont essentiellement l’œuvre très documentée de son père Robert.

Ce legs vient compléter des dons successifs faits à la bibliothèque par Robert et Maurice Caillet (dossiers et documents manuscrits liés à l’histoire locale, publications imprimées, ou encore un imposant Sefer Torah).
Un descriptif détaillé du fonds et une orientation vers les outils de recherche sont à votre disposition.

Image : Maurice et Robert Caillet.