Le fondateur
Dom Malachie d’Inguimbert, évêque de Carpentras de 1735 à 1757, collectionneur et bienfaiteur de la capitale du Comtat Venaissin.
Ses deux grandes fondations - l’hôtel-Dieu et la bibliothèque-musée Inguimbertine - font de lui l’une des plus éminentes figures de Carpentras.
Né dans la capitale du Comtat Venaissin en 1683, Joseph Dominique d’Inguimbert est destiné à une carrière ecclésiastique, menant des études qui le conduisent à Aix et Paris. Ordonné prêtre en 1707, il part à Rome en 1709. C’est en Italie qu’il va mener l’essentiel de sa carrière, pendant 26 ans. Il entre notamment au service du cardinal Laurent Corsini. Celui-ci, devenu pape en 1730 sous le nom de Clément XII, le choisit pour confesseur et conservateur de sa bibliothèque privée. Il le gratifie de nombre de charges honorifiques et rémunératrices : il est promu archevêque de Théodosie, abbé commendataire de l’abbaye de Cîteaux, de l’abbaye de Montmajour, etc.
Lorsqu’il est nommé au siège épiscopal de Carpentras en 1735, Monseigneur d’Inguimbert s’installe avec une riche bibliothèque de près de 4.000 titres, des tableaux, des estampes et des antiquités.
Suivant les exemples italiens, il aménage un bâtiment pour accueillir ces collections et en permettre l’accès au public dès 1745. Il accroît par la suite son fonds à plus de 25 000 références, en l’ouvrant à toutes les disciplines du savoir. L’une de ses acquisitions les plus fameuses est celle des « papiers de Peiresc ».
Le fonds du dernier humaniste européen, le Provençal Nicolas-Claude Fabri de Peiresc (1580-1637), couvre l’ensemble des connaissances de son époque. Curieux de tout, en relation avec les plus grands savants de son temps, il a accumulé un savoir matérialisé dans son exceptionnel cabinet riche de livres, médailles, œuvres d’art et autres curiosités. Il a mené de nombreuses études et expériences, en astronomie (il a découvert la nébuleuse d’Orion), géographie, histoire, botanique, zoologie etc.
À sa mort en 1757, d’Inguimbert fait de sa bibliothèque-musée une fondation publique pour l’usage de ses concitoyens, faisant de cette institution un des premiers établissements publics culturels en France aujourd’hui.
Gravé sur le socle de la statue érigée en son honneur en 1858, un distique (groupe de deux vers renfermant un énoncé complet) de J.-L. Piot, poète avignonnais, résume l’hommage des Comtadins :
Ses libérales mains ont laissé dans Vaucluse
Le pauvre sans besoin, l’ignorant sans excuse.