Parmi les fonds particulièrement riches et reconnus de l’Inguimbertine, celui consacré aux sciences occupe une part très importante. De la fin du Moyen Âge au XIXème siècle, les documents et les objets conservés à Carpentras évoquent cette approche rationnelle de la connaissance du monde terrestre et céleste. Du Traité d’arpentage et de bornage de Bertrand Boysset datant de 1405 aux travaux de François-Vincent Raspail en passant par les calculs sur la nébuleuse d’Orion de Peiresc, les cartes, plans, mappemondes et globes, la bibliothèque-musée de Carpentras recèle une remarquable collection scientifique. La diversité et la richesse des objets et des instruments disposés dans cette vitrine en sont l’illustration. La présence d’un tel fonds conforte l’établissement dans sa vocation d’abriter toutes les formes du savoir.
Le globe terrestre de Blaeu, 1622
Ce globe terrestre et son pendant céleste dormaient dans une réserve de l’Inguimbertine. Leur identification et leur rareté ont incité à les restaurer. Le globe terrestre, qui conservait l’intégralité de ses fuseaux de papier imprimé, a pu retrouver son aspect d’origine. En revanche, la trop grande dégradation du globe céleste n’a pas permis de lui restituer son état originel. Il n’est donc pas présenté ici.
Modélisation du monde, les globes ont naturellement servi de support à l’enseignement de la géographie et de l’astronomie.
Au XVIIème siècle, ce type de représentation connaît un succès grandissant. Les éditeurs de cartes, atlas, instruments de navigation développent ces modèles réduits de l’univers malgré le coût élevé de leur réalisation. Ils généralisent la fabrication de globes sur une sphère en plâtre avec armature intérieure en bois. Sur cette sphère étaient collés des « fuseaux », bandes de papier imprimées dont l’assemblage nécessitait un savoir minutieux. Ces fuseaux étaient gravés à l’eau-forte ou au burin. Une fois collés sur la sphère, ces fuseaux étaient rehaussés de couleurs, à la gouache ou à l’aquarelle, puis vernis. La sphère était fixée à la hauteur des deux pôles sur un anneau, le méridien, en laiton gravé de graduations indiquant les latitudes (ou parallèles). Cet anneau, lui-même surmonté au niveau du pôle nord d’un autre anneau horizontal en laiton gravé, indiquait les heures. Le globe était enfin monté sur un support d’ébénisterie, constitué d’un plateau circulaire à quatre pieds sur lequel s’appuyait la sphère par le pôle sud. Le plateau supportait quatre colonnes soutenant un anneau en bois épaulant le globe. Sur cet anneau en bois, appelé table d’horizon, étaient collés des papiers imprimés figurant les mois et les signes du zodiaque.
Le concepteur de ce globe, Willem Jansz Blaeu (1571-1638) est le fondateur d’une maison d’édition située à Amsterdam, foyer de la cartographie, héritier de la tradition flamande d’Anvers. Après des études scientifiques et une collaboration avec le célèbre astronome danois Tycho Brahé, il entame, en 1599, une activité de production de globes, cartes, guides et instruments de navigation. Il devient le cartographe officiel de la Compagnie hollandaises des Indes orientales. Sur le globe terrestre exposé ici, Willem Blaeu a été soucieux de répondre au double usage pratique et pédagogique en proposant des informations fiables et actualisées.
De nombreuses inscriptions localisent les faits marquants des grandes découvertes.
Ce globe témoigne de la connaissance des continents et des voies maritimes.
